29/1/08. On dirait que nos efforts n'ont pas été en vain! L'examination

sensorielle d'une bouteille témoin révèle même à ce stade précoce : de la

bulle! un nez délicat et légèrement houblonné, avec un fond propre et net ;

un aspect encore un peu trouble, mais en bonne voie de clarification ; un

goût (eh oui! j'ai osé!) délicat - fort mais toute en subtilité, une attaque

provocatrice en bout de langue, légèrement éthylique, avec évolution vers

les saveurs plus voluptueuses, malteuses, voire caramelles en fin de bouche.

En tout cas digne d'étiquetage - en voici une proposition:

 

25/1/08. 13.3°C.  Au goûter in dira que cela va bien se passer pour

nous! Les levures se sont mises en veille forcé (il fait froid et il n'y a rien à

becqueter). On les donnera un dernier petit repas - en ajoutant 150 g de

sucre au 22 litres de moult - qui est presque maintenant de la bière. Les

bouteilles sont stérilisées, rincées, et puis remplies par siphonage. Dans

chaque bouteille quelques levures aventurières, ... s'aventurent. Elles vont

encore faire une petite java - ce qui va augmenter la concentration de CO2

ou, comme on dit ... 'mettre de la bulle'! Les bouteilles sont rangées dans

un endroit un peu chaud pour quelques jours afin de laisser travailler les

levures, et puis stockées à la cave encore une semaine ou deux pour se

clarifier avant la première dégustation. On verra  ici quelques photos

du travail durement accompli vendredi soir.

 

24/1/08. 23.3°C.  La densité ne descend plus : mystère. Au moment

ou on pensait avoir infligé un climat exécrable aux levures il y a eu retournement

de manivelle : notre plaisir déporté semblait se désoudre au vu d'oeil. Mais

les manivelles ont une caractéristique incontournable : elles tournent! "Au

coeur de l'hiver j'ai trouvé dans moi-même un été invincible" (Camus). Il y a

une lueur d'espoir sur notre horizon : au goûter j'aperçois que nos levures

n'ont pas laissé trop de sucres. J'en déduit que la densité rémanente est

peut-être due aux protéines - incomestibles pour les levures. Ce n'est pas

impossible - le moult a été construit à partir de deux substrats, plutôt que

d'un seul substrat avec addition d'un kilo de sucrose (saccharose). On y a

apporté peut-être plus de protéines que d'habitude. On retiendra cette

hypothèse confortable! J'ai de nouveau déclenché le plan arctique pour nos

braves levures. Leur avenir s'assombrit, alors que le nôtre s'éclaircit. Tout

n'est pas encore gagné, mais c'est encore loin d'être perdu!

Mise en Bouteille ce vendredi soir a partir de 9h00!

 

22/1/08. 13.4 °C. Je crains avoir été un peu trop rigoureux avec nos pauvres

levures. La densité de 1013 environ me déplait, et je penses avoir déclenché

la phase arctique un peu prématurément. Mais la situation est critique :

quoiqu'il en soit il reste sans doute peu de bouffe; le moult est a peine protégé

par une atmosphère anoxique et les risques de contamination sont importantes.

Mais il n'y pas vraiment le choix. Il faut faire reculer l'âge de glace pour revenir

un temps au climat torride et fécond afin d'être sûr que les levures aient

vraiment fini leur boulot. Un repit avant l'hécatombe finale ....

 

19/1/08. 23.3 °C. Ces pauvres levures commencent a se rendre compte

de la fragilité de leur existence. De moins en moins à bouffer; de plus en plus

d'éthanol qui nuit a leur efficacité. Mais elles résistent, pour l'instant, et

continuent de travailler dans la mesure du possible. Toutefois on voit que le

rendement baisse - la coeur n'y est plus : la ligne n'a plus la descente

vertigineuse des premières journées. On va les pousser à la limite, ces

travailleurs importés d'ailleurs (la Nouvelle Zélande, en l'occurrence),

mais même une fois le rendement réduit à zéro et la pénibilité de travail à

son apogée, leurs souffrances ne seront pas pour autant finies. Leur monde

va être profondément remanié. Il y aura des gagnants et des perdants ; des

heureux et des malheureux ; des choisis et des laissés-pour-compte. Mais

on attend d'abord que la famine soit généralisée ....

 

18/1/08. De retour de Munich, j'ai monté la température pour achever

la fermentation.

 

Text Box: 15/1/08 Après cette énergie débordante et exubérante de la jeunesse levureuse, c'est le train-train qui s'installe : bouffer un peu de sucre, un petit rot éthylique, reproduire (malgré la promiscuité rompante dans l'obscurité humide et chaude du fond de la cuve, la reproduction est essentiellement asexuée), bouffer un peu de sucre ...

Text Box: La surface du moult a pris un aspect plus serein, plus equilibré, en affinité
avec cette nouvelle maturité de nos colonies. Des cadavres commencent
aussi a tapisser le fond de la cuve (une cellule meurt apres environ dix
reproductions - alors au rythme d'une fois par heure ...)
 

Text Box: 
On se demande si les levures se demandent pourquoi elles sont la, mais
l'abondance de nourriture et la clémence du climat les mènent loin de ces
questions existentielles - pour le moment : elles ont la quarantaine confirmé
et sont surs que - en bouffant religieusement du sucre, elles assurent l'avenir
de leur communité. Ceci est vraie, mais dans un sens qu'elles ne soupconnent
pas encore.
 

Text Box: Elles ont constaté un léger diminution de la température, pas encore
vraiment inquiétant mais qui a tout de même ralenti le rythme et peut-être
meme déclenché la formation d'un certain nombre de cellules de crise, pretes
à prendre toutes les mesures, jusqu'a se transformer en spores si nécessaire,
pour transmettre l'essence génétique a travers des temps difficiles eventuelles.
 

Text Box: On les laissera profiter de cette age d'or un certain temps car effectivement,
des troubles se profilent juste au-dela de leur horizon ...

Text Box:  
14/1/08. La mousse tombe, mais la levure prend une nouvelle mode de vie, ayant migré au fond de la cuve : des boules montent en permanence, et des naufragées de levures se trouvent collées aux parois. On aperçoit enfin la surface du moult, toujours trouble et tourbillonnant. Au fond, on trouverait une frénésie de reproduction : la volume de levures va finir par être multipliée par plus de cent (les cellules de levure peuvent se diviser aussi rapidement que toutes les heures, mais se modulent, apparemment, en fonction des conditions telles que la quantité de bouffe, le nombre de voisins, la météo (température, acidité etc).

Text Box:  

Text Box: Pour la première fois, on peut tenter une mesure de la densité, mais des boules de CO2, dont la concentration dans le moult dépasse maintenant la limite de solubilité, s'accumulent peut-être sur l'hygromètre, faussant la mesure. En tout cas, on voit bien que la densité, originalement de 1032 à 33°C, est tombée aux alentours de 1020 a 23°C. A partir de 1012 on va surveiller cela de plus près.

Text Box: 
L'appareil photo ne capte pas les odeurs, plutôt prometteuses pour l'instant ...

Text Box: Faudra freiner un peu les levures - je pars de mercredi a vendredi à Munich, et il ne faut pas que la fermentation se termine en mon absence. Je vais réduire un peu le chauffage.

Text Box:  
13/1/08 16h45 Une belle mousse bien levureuse, et pratiquement la parfaite température. Trop tôt pour commencer a suivre la descente de la densité.

 

11/1/08 L'aventure commence : on envois des colonisateurs dans une monde

spécialement préparée pour eux. La vie est belle, les difficultés minimes. Tout baigne ...

NEWS! 2021.

 

Maintenant Ian est assisté par les

 

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